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Littérature
11 octobre 2011

D. Crouzet - Nostradamus

NostradamusPlus de quatre siècles après sa mort, Nostradamus (1503-1566) n’en finit pas de faire parler de lui. En effet, aujourd’hui encore, le personnage ne manque pas de susciter la curiosité de tout un chacun. Il faut dire que les prédictions de celui qui s’appelait en fait Michel de Nostredame se sont parfois concrétisées. Ainsi, il avait notamment annoncé au futur Henri IV qu’il deviendrait un jour roi de France ! Mieux, pour d’aucuns, il aurait prédit avec précision les arrivées au pouvoir de Bonaparte, d'Hitler et de Franco ainsi que la survenue de bien d'autres événements de premier ordre comme par exemple l'ère atomique ou les bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Dans son récent et érudit ouvrage intitulé Nostradamus. Une médecine des âmes à la Renaissance, Denis Crouzet se penche sur le célèbre astrologue français. Né dans les actuelles Bouches-du-Rhône, Nostradamus fit ses études à Avignon et à Montpellier. En 1529, il devint docteur en médecine. Après s’être installé à Agen, il se dirigea vers Salon. A cette époque, il se dévoua pour aider à traiter l’épidémie de peste sévissant à Lyon (1530). Toutefois, en raison du grand succès de ses cures, Nostradamus finit par s’attirer la jalousie de ses confrères. Il préféra donc vivre dans la retraite. Ce n’est qu’à la fin des années 1550 que Nostradamus publia ses fameuses prophéties dans deux volumes de Centuries, lesquelles connurent un immense succès. Pour preuve, Catherine de Médicis l’appela à la cour. S’il devint le médecin de Charles IX en 1564, il continua d’habiter à Salon où le couple ducal vint régulièrement lui rendre visite.

Professeur d’histoire moderne à l’université Paris IV-Sorbonne, Denis Crouzet s’efforce de percer le mystère nimbant Nostradamus. La tâche n’est pas aisée, loin s’en faut, tant le médecin apparait comme profondément insaisissable. D’une part, prévient l’universitaire, les documents et sources touchant à sa personne ne sont pas pléthore. Placées sous le signe de l’irrésolution, les prophéties de Nostradamus se trouvent par ailleurs être tout à fait impénétrables. Pour cette raison, l’histoire de Nostradamus ne peut guère subsister «que dans la fragmentation». L’étude de D. Crouzet ne porte pas sur les délires imaginatifs liés à Nostradamus. Il ne s’agit pas non plus d’une nouvelle tentative de déchiffrer les quatrains de l’astrologue, mais plutôt d’une sorte de déconstruction de ses écrits très énigmatiques et sibyllins.

En effet, souvent, le sens des prophéties se perd et même parait s’évanouir «dans la contradiction ou la polysémie, voire dans l’extravagance ou une sorte de débridage linguistique». Toute systématisation est donc impossible. L’ouvrage de l’historien de la Renaissance vise à dévoiler plus avant le véritable dessein de Nostradamus, c’est-à-dire les intentions qui furent les siennes lorsqu’il se mit à l’écriture. Pour ce faire, D. Crouzet s’est certes très largement appuyé sur l’œuvre du prophète, mais il est en outre allé au-delà des mots «parce que même dans un quatrain donnant l’impression d’une plus grande transparence, l’intelligibilité n’est jamais parachevée, et le sens reste toujours en suspension». Ainsi, pour ce faire, l’auteur a eu recours à «une herméneutique du dépassement du signifiant».

Retrouvez cet article sur Parutions.

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