La Grande braderie – Comment l’Eglise se bat pour éviter la faillite

Grand reporter du quotidien Le Parisien, Marc Payet vient de publier un essai intitulé La Grande braderie – Comment l’Eglise se bat pour éviter la faillite aux éditions Fayard. Indéniablement, le titre est alléchant, voire aguicheur, et sent le soufre. Surtout que, d’après lui, tout ceci est particulièrement opaque. «Un mouvement vaste et souterrain, écrit le journaliste, est en train d’ébranler les fondations de l’Eglise de France». En effet, «dans tout l’hexagone est mise en vente, avec discrétion, une grande partie de son patrimoine immobilier : couvents, séminaires, bâtiments divers». Un bémol, cependant, car elles sont pour l’essentiel la propriété de l’Etat depuis la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat : les églises ne sont pas directement concernées par ce grand bazardage.

«Notre problème, reconnait d’ailleurs une éminence de l’Eglise, c’est que l’on croit toujours que l’on a l’éternité devant nous. C’est vrai sur le plan spirituel, moins sur le plan matériel». Les exemples de ces ventes foisonnent : à Lyon, le grand séminaire qui formait les prêtres est devenu une résidence luxueuse ; à Paris, un hôtel particulier a été cédé pour la bagatelle de quelques 66 millions d’euros à l’émir du Bahreïn ; dans le XVIe arrondissement, un ancien hospice va faire peau neuve pour devenir une maison de retraite haut de gamme. Le phénomène se vérifie aux quatre coins de l’hexagone. A cet égard, l’Ouest de la France n’est pas en reste : des anciennes cliniques appartenant à des congrégations sont vendues à des groupes privés.

Ces opérations se traduisent par de très vastes mouvements de fonds. Les sommes sont en effet souvent colossales. Toutefois, tempère l’auteur, il existe de nombreux diocèses pauvres. C’est, par exemple, le cas de celui de la Nièvre. «Les économes diocésains, témoigne M. Payet, ont du mal à équilibrer leurs comptes». Dans cette veine, un diplomate français en poste dans la cité éternelle affirme sans ambages que «l’Eglise est en train d’organiser une retraite au sens militaire du terme. Elle se replie en bon ordre, continue-t-il, pour éviter la Berezina. Elle doit faire face à un phénomène historique. Les évêques n’aiment pas trop évoquer ce sujet publiquement. Mais en privé ils confient que ce thème est celui qui les tracasse le plus».

Au fil des pages, le journaliste décrit ces soldes qu’il présente comme secrets, et tente de décrypter les luttes de pouvoirs qu’ils provoquent.

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