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Littérature
2 avril 2013

Une contre-histoire de la IIIe République

IIIe rép«Républicain : les Républicains ne sont pas tous voleurs, mais les voleurs sont tous républicains». Comme le rappellent d’emblée les auteurs d'Une contre-histoire de la IIIe République, récemment parue aux éditions La Découverte, c’est ainsi que Gustave Flaubert définissait les Républicains dans son Dictionnaire des idées reçues. Naturellement, cette «définition» est déphasée et ne correspond plus à notre époque. Aujourd’hui, d’aucuns proposeraient une autre approche, proche de celle-ci : «Républicain : Les valeurs républicaines. Bases de la société française. Les défendre quand on les attaque».

Ces dernières années, a eu lieu une véritable «course à la République» : de plus en plus d’hommes politiques se sont de plus en plus vigoureusement réclamés des principes et valeurs fondateurs du régime politique français pour justifier à peu près tout, les thèmes défendus par la classe politique allant de la sécurité à la méritocratie, en passant notamment par la morale ou l’intégration. Le patrimoine républicain n’est plus l’apanage exclusif de la gauche, puisque tous les partis politiques s’en revendiquent, ce qui tend à dénoter l’extrême ouverture du corpus républicain, ou plutôt sa volatilité…

Lorsqu’il est question des valeurs républicaines, il s’agirait en réalité de celles de la IIIe République. Ce qui revient à faire bon marché de la continuité qui relie la République de Léon Gambetta et Jules Ferry à l’expérience révolutionnaire, la valse des systèmes de gouvernement s’opérant depuis 1789 dissimulant en fait la marche progressive – difficile, mais consciente - vers une démocratie sans cesse plus exigeante et perfectionnée. Telle était en tout cas la présentation qu’en faisait, autrefois, le professeur Georges Burdeau. La IIIe République était tributaire des évolutions politiques qui débutèrent avec la Révolution française.

Cette référence constante et enthousiaste à l’expérience de la IIIe République irait de pair avec une excessive idéalisation de cette dernière. Né de la défaite face à l’Allemagne, le régime de la IIIe République ferait en effet office d’«étalon indépassable», de modèle, à propos d’un grand nombre d’institutions, telles que l’école, l’armée et l’assemblée nationale, et d’idées désormais incontournables, telles que par exemple l’égalité, la laïcité, le vivre-ensemble ou la démocratie parlementaire. Toutefois, le mythe ainsi qu’une certaine méconnaissance du fonctionnement de la IIIe République affleureraient derrière cette présentation probablement trop idyllique.

Soucieux de se défaire du «halo émotif» nimbant l’expérience de la IIIe République, les auteurs de cette Contre-histoire ont entendu nuancer l’héritage de ce régime vaincu en 1940, prendre leurs distances et donc d’une certaine façon rétablir la vérité. Cet âge d’or n’en serait probablement pas un, loin s’en faut. L’objectif des auteurs est de s’attaquer aux idées reçues, sans pour autant «remplacer une essence par une autre, l’hagiographie par le pamphlet, la légende dorée par la légende noire». Pour ce faire, des historiens reconnus ont traité des thèmes comme les pratiques du pouvoir, la régulation sociale, la question de l’exclusion ainsi que l’élaboration d’une légitimité, la fabrique des normes et les processus de républicanisation du pays.

Bref, un ouvrage d’excellente facture tendant à déconstruire les poncifs sur la IIIe République. A lire !

Retrouvez cet article sur Parutions.

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